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Christophe Labour,  président de la section avicole de la FRSEA Pays de la Loire
« On se sent oubliés, notamment sur les prix »

Comment se porte la filière volaille régionale après plusieurs crises d'influenza aviaire ?

Christophe Labour : La production a repris normalement depuis une dizaine de mois. Mais on reste vigilant à chaque fois qu'il y a un cas qui se déclare, comme récemment en Vendée. Ça nous met la pression. Mais on reste confiant, il semblerait que la vaccination des canards soit assez efficace contre la diffusion du virus. Maintenant, comme pour le Covid, il faudra apprendre à vivre avec pendant plusieurs années. Il y aura des foyers résiduels de temps en temps. Tant que ça ne se diffuse pas trop, ça ira, même si ça reste compliqué pour l'éleveur.

Ensuite, sur le plan économique, c'est moins bon ! On se sent oubliés, notamment sur les prix. On parle beaucoup du lait, mais peu de la volaille. On a peu de revalorisation de contrats depuis un an et demi. Pourtant, tous nos postes de charges augmentent : +8% sur les assurances, +5% sur les frais de gestion, etc.

L'arrivée massive de volailles d'Ukraine déstabilise le marché français et la filière française... Quelle est l'ampleur et que demande la profession ?

On parle beaucoup d'importations de volailles d'Ukraine. C'est vrai que leur nombre a été multiplié par trois depuis l'entrée en guerre de ce pays. Mais avant la guerre, on importait déjà 45% des poulets consommés en France. Le marché était déjà peu stable avant. On faisait face à beaucoup d'importations en provenance de Pologne, du Brésil ou de Thaïlande. L'Ukraine, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Cependant, on ne comprend pas que les droits de douane aient été supprimés pour aider économiquement l'Ukraine. En réalité, cela ne profite qu'à un gros industriel. On ne demande pas plus pour l'Ukraine que pour les autres pays, c'est-à-dire l'application de clauses miroir, afin que les volailles ne consomment pas des produits interdits chez nous. L'Europe doit revoir sa position face à l'Ukraine comme aux autres pays, en limitant les importations afin d'éviter les distorsions de concurrence. 

La consommation de volailles des Français reste soutenue globalement. Dans le détail, toutes les volailles s'en tirent-elles de la même façon ?

Les Français consomment de plus en plus de viande de volaille. C'est la seule viande qui poursuit sa progression, certainement car c'est la viande la moins chère. Mais cette hausse de la consommation est compensée par l'augmentation des importations plutôt que par la production interne. On doit pouvoir produire plus chez nous. 

En Pays de la Loire, à l'image de ce qui se passe en France, c'est la production de poulet qui se développe le plus. Les dindes et pintades sont à la baisse, et les canards repartent à la hausse après deux années de crise. Cette production n'a pas encore retrouvé son niveau d'avant crise mais il y a de bons signes. 

La restauration hors-domicile joue-t-elle le jeu de la production française ?

La restauration hors-foyer, les GMS et nos industriels ne sont pas non plus très clairs en recourant aux importations pour des histoires de prix et de rentabilité. Nous demandons qu'EGAlim s'applique à tous les acheteurs, qu'ils soient de la restauration hors-domicile ou de la GMS.

La pyramide des âges va provoquer de nombreux départs. Les installations ou reprises d'exploitations les compenseront-elles ?

Il y a peu d'installations et peu de reprises alors qu'on va faire face à de nombreux départs dans les cinq à dix ans à venir. On note une érosion assez rapide du nombre de bâtiments. Il nous faut au moins conserver les droits à produire car c'est très compliqué de retrouver ses autorisations. Attention à ne pas démobiliser les jeunes. Ces droits se transmettent... quitte à refaire des bâtiments à neuf ! Il faut aussi que les cédants aient confiance dans l'avenir de leur métier. Et pour cela, il faut une bonne rémunération de leur travail et une bonne rentabilité de leurs outils. 

La menace de la directive européenne IED* plane toujours au-dessus des élevages...

La suppression de cette directive fait partie de nos revendications. On ne comprend pas que les élevages de volailles soient classés comme n'importe quelle industrie polluante. Nous ne sommes pas en mesure de répondre aux mesures IED, mais d'un autre côté, on rentre en Europe des poulets qui ne respectent aucune de ces règles. 

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