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Agroécologie
Les végétaux, ces amis de la fertilité

Dans le cadre du Projet agricole et alimentaire territorial du Pays Vallée de la Sarthe et en partenariat avec le Civam AD 72 et la Chambre d’agriculture, une journée agroécologie a été organisée chez deux éleveurs. Une conférence s’est également tenue avec Alain Canet et Konrad Schreiber.

L’Auditorium L’Unisson de La Suze était bondé jeudi dernier pour une conférence “Arbres, élevage et sols fertiles, clés de voûte de l’Agroécologie“ menée par les charismatiques Alain Canet, expert aux multiples casquettes (notamment vice-président de Carbone Fertile) et Konrad Schreiber, ingénieur agronome spécialisé dans la conservation des sols. Plus tôt dans la matinée, Sébastien Champion, adepte du pâturage régénératif et éleveur de Salers et volailles bio à Auvers-le-Hamon, et Philippe Dutertre, vice-président de la Chambre d’agriculture et éleveur à Chemiré-le-Gaudin, avaient ouvert les portes de leurs fermes. En introduction de la conférence, ce dernier soulignait « l’importance des tests mis en place par la Chambre sur de nouvelles cultures moins consommatrices en eau, plus résistantes au temps sec et capables d’apporter une bonne valeur alimentaire. Il s’agit aussi d’un accompagnement des agriculteurs vers un meilleur stockage du carbone. » L’agroécologie s’appuie sur la couverture végétale dynamique des sols et l’agroforesterie, deux piliers oubliés par bon nombre d’acteurs et analystes du réchauffement climatique, selon Konrad Schreiber : « On est prêt à démontrer les erreurs du Giec, de l’Etat et des écologistes au sujet des mesures ou du regard qu’ils portent sur la biodiversité, l’eau, le trop-plein d’élevages bovins, l’effet de serre ou encore les bilans carbone. Ils ont oublié l’essentiel : les plantes ». Toutes les mesures visant à protéger la biodiversité et les masses d’eau « ne fonctionneront pas si on ne couvre pas les sols. Par exemple, on peut semer du trèfle blanc à l’automne avec le blé ou au printemps, comme faisaient nos grands-parents, dans le blé naissant », a appuyé Alain Canet avant de définir la biodiversité comme « élément de la productivité et non comme contrainte. L’agroécologie, c’est parler aussi de fertilité, d’autonomie donc de gains financiers pour les fermes ». Son acolyte a poursuivi sur les effets néfastes d’un sol nu. « Ultra-violets, oxygène et fer du sol sont des oxydants hyper puissants qui brûlent la matière organique et la transforment en tas de sable. Le Sahara est par exemple la conséquence de la déforestation des Egyptiens au temps des pyramides. Les peintures rupestres dévoilaient qu’il y a 7000 ans, le Sahara était une savane. Or, il y a des idées qui circulent comme quoi notre salut va passer par dégager toutes les prairies, et donc toutes nos vaches, pour faire des céréales et faire de nous tous des végétariens ! Ok, cultivons encore plus de blé. Je le sème à l’automne. L’hiver, il pousse à peine et je le coupe en juin. Et l’été, c’est la canicule et je déchaume. Plus on va basculer dans un système de production de blé sans couvert, plus on va connaître des sécheresses ». Erigé comme un monstre par les médias de masse, le maïs serait en revanche salvateur parce qu’il est semé au printemps, pousse et refroidit en été en produisant de la photosynthèse. « Les Amérindiens avaient vu bien avant nous les vertus de cette plante géante qui encaisse le soleil. » Entre l’automne et le printemps, il est remplacé par un couvert qui fait de la biomasse. « Utiliser les bassines pour cultiver du maïs est très intelligent car cela permet de le refroidir en plein été » , a enchaîné l’ingénieur agronome en faisant allusion aux événements de l’an passé à Sainte-Soline. Avec la couverture végétale, l’autre défi majeur selon Alain Canet est la valorisation des arbres, « les seuls qui entretiennent la vie dans le sol et donc dans les prairies. Je parle de l’arbre au bon endroit car nous restons des paysans, producteurs d’herbe, de blé ou de maïs. Mais nous sommes les acteurs de notre propre microclimat qui nous protégera des chocs à venir. Les arbres hydratent les milieux secs. Tailler une trogne, c’est la remettre en production pour 300 ans. Il s’agit d’accepter la ronce, le lierre à partir du moment où ils sont au bon endroit. » S’ils se nourrissent évidemment d’eau, les arbres en produisent aussi « et leur bilan est nettement positif. L’arbre est un parasol alors que les feuilles font la photosynthèse et produisent de l’évapotranspiration ». Konrad Scheiber prédit que les dix prochaines années seront consacrées à « la révolution de la connaissance de l’eau et de ses cycles avec les plantes. » Et que les agriculteurs seront les “managers” du climat. « Et des créateurs d’emplois vertueux, ajoute Alain Canet. Plus de photosynthèse, c’est plus de travail ». Quels chantiers !

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